Vérité a reçu le Miles Franklin Award,
la plus importante distinction
littéraire australienne.
Pour la 1ère fois, cet équivalent de notre prix
Goncourt est remis à un roman noir.
Vu l’ampleur de la fresque brossée ici
par Temple qui capte superbement le désarroi de nos sociétés en crise, ce livre
pourrait s’appeler « la vérité sur notre époque ».
Alors que Melbourne vit un
été caniculaire, que des incendies se sont déclarés et que le feu est aux portes
de la ville, le commissaire Stephen Villani est appelé sur une scène de crime
dans les beaux quartiers ; une jeune femme a été retrouvée sans vie dans un
appartement de grand luxe. La morte le trouble profondément, lui faisant penser
à sa fille Lizzie, adolescente en rébellion qui a fugué en compagnie d’un
dealer. Villani se sent coupable de l’avoir négligée.
Aux antipodes de ce
crime, son équipe se rend dans une banlieue sordide après la découverte macabre
dans un hangar de trois cadavres d’hommes atrocement torturés. Deux enquêtes qui
s’entrecroisent et se mêlent au souvenir d’autres affaires.
Melbourne devient
ici un patchwork d’extrêmes : soirées chics pour privilégiés, planques sinistres
de la pègre, bureaux de la police, collines où progresse le feu. Villani passe
d’un monde à l’autre avec la tentation de vouloir tout maîtriser, mais se rend
compte que les enjeux le dépassent.
Une écriture typiquement hard-boiled,
précise, laconique et même souvent elliptique qui donne son rythme particulier à
ce roman tendu à l’extrême. La brutalité du réel, une profonde réflexion sur le
mal, l’échec et la corruption. Mais c’est aussi un roman dans lequel le
protagoniste se demande avec angoisse qui est sa vraie famille : son père,
ancien mercenaire au Vietnam, son épouse absente, sa fille fugueuse, ou bien ses
collègues, voire les criminels qu’il côtoie ?
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